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PERCHE
Oh Perche ! Oh, collines éternelles !
A chacun de mes pas tu m'interpelles.
Au fond des yeux de tes vallées pudiques,
Se mirent des vallons, des pentes obliques.
Ton habitat, même s'il paraît un peu ringard,
Explose de joie, rehaussé de tes grés roussards.
La tuile s'assoit sur tes murs en pleine bauge
Tandis que tes pommes jutent, à côté, dans leur auge.
Ton cidre vieillit et, il n'y a aucun doute,
L'année d'après, ce sera de la bonne goutte.
Au passage des attelages des gris-pommelés,
Sur tes côteaux, se tordent de rire tes pommiers.
Tes ciels d'une grande pureté,
Tes forêts et tes sables colorés
Se fondent dans tes coteaux mordorés.
Oh, Perche ! Oh, jardin de mon enfance
Que la modernité n'a fait outrance !
Préserve ton chapelet de collines
Pour que la vie soit toujours aussi câline.
Ton relief est ta beauté,
Tes chevaux sont ta fierté.
Tu es France profonde,
Mes aïeux y ont leur tombe.
Charles
COUDRAY

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LE
PETIT PEINTRE
Le petit peintre est devant sa toile,
Il peint comme il sent... dans les étoiles.
Il est effacé et tout petit,
Absorbé et souvant mal compris.
L'homme est absent, ses yeux sont ailleurs,
Son âme est là, qui crée des couleurs.
Il sait qu'il ne sera pas Rembrandt,
La valeur ne vient pas de son temps.
Ebauchant ou créant tour à tour,
Sa besogne déborde d'amour.
Artiste, il y met tout son coeur,
C'est là le secret de son bonheur.
Sa palette, simple et sans tourment,
Explose de mélanges chatoyants.
Curieux et pleins de ténacité,
Il avance avec sérénité.
Sur le chemin parsemé de prix,
Il est tout confus, parfois surpris.
Il est tout petit, il est mortel,
Il sait ses oeuvres, elles, des éternelles.
Cet homme-là, est resté ordinaire,
Il est attaché, près de sa terre.
Il peut s'endormir sereinement,
Vivant, il ne sera pas Rembrandt.
Charles
COUDRAY
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LE
CALVAIRE
Une simple croix au bord d'un chemin,
Un socle de pierre comme ultime témoin.
Le chemin s'éfile,
L'endroit est tranquille.
Un papillon vole, comme s'il n'était rien,
Et l'oiseau entonne un joli refrain.
Le grand soleil brille,
L'herbe se gaspille.
Je m'arrête comme lorsque j'étais gamin,
La croix a subi un peu les embruns.
Ma mémoire défile
Dans le temps qui file.
Je ne sais pas ce que sera demain,
La croix et les hommes, ont le même destin.
L'oiseau s'égosille,
Qu'on le laisse tranquille.
Voilà l'an deux mille,
Et mes ans s'empilent.
Je ne suis plus tout à fait un gamin
"CALVAIRE : tu me fais un peu froid aux reins"
Charles
COUDRAY
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LA
PAUVRETÉ
Le
don du ciel avait sonné,
La vie serait sans allégresse,
Et blotti dans ma pauvreté,
Je ne saurai ce qu'est richesse.
Le prolétaire vit de pauvresse
Et l'abondance n'est partagée.
Mais je compris que d'une caresse
On peut changer la destinée.
Après avoir considéré,
J'ai écarté toute détresse,
Et la pauvrette pauvreté
Induit en moi une grande sagesse.
C'est ainsi donc, je le confesse
Que mes jours se sont amendés.
Je ne crois pas que le temps pressse
Pour rétablir ma pauvreté
Charles
COUDRAY
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MARQUISE
C'est une grande dame percheronne,
Marquise, noble conquête de l'homme.
Elle pose, le canon brossé, rutilant,
Le sabot ferré, haussé de poil blanc.
Sa robe est grise Belle marquise.
Poulinière, dans l'enclos elle batifole
Ou bien, pompeusement, tire la carriole.
L'été prochain elle prendra compagnon,
Un étalon, magnifique percheron.
Elle est exquise Belle marquise.
Ses naseaux fument, elle fait de la brume,
Son il est fripon, elle épie ma plume.
Elle reste l'emblème de toute une région
C'est la belle jument de mon vieux tonton.
Voilà Marquise
Qu'on se le dise
Charles
COUDRAY
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MA
COLLINE
Et toi, le belle, la verdoyante !
Qu'as-tu volé à ta cousine ?
Ta flore est des plus foisonnantes
Et ton harmonie, sibyline.
Hauteur des Vosges percheronnes,
Révèle tes pudiques chemins creux.
Prête-nous tes haies qui bourdonnent
Et rends ton visiteur heureux.
Prends soin du bel étang secret,
Ce plan qui reflète ton échine.
Il pose, fluide, à tes pieds
Entre deux buissons d'aubépine.
Pourquoi as-tu ma préférence ?
Pourquoi me parais-tu divine ?
Je sais qu'ici c'est mon enfance
Mais pourquoi toi, pas ta voisine ?
Charles
COUDRAY
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